lundi 7 mars 2016


Adoption

Aïcha : J'aime les enfants mais je n'en ai pas. C'est mon destin comme ça. Mais j'ai élevé le fils de mon frère, de l'âge de 1 an jusqu'à presque 5 ans. Il m'appelait « maman ». Quand je suis venue en France, en 2006, j'ai du le laisser à mon frère, en Algérie. Il a pleuré, il voulait prendre le bateau pour me rejoindre, il disait « je veux monter chez maman ». Pour lui la France c'était le bateau dans lequel j'étais montée.

Orkeia : Chez nous, ça se fait. Là-bas, ils le prennent comme un partage, pour aider l'autre.
Du côté de ma tante, la soeur de ma mère, elle a eu beaucoup d'enfants, des garçons, et un des garçons c'est pas qu'elle l'a donné mais il a été adopté par quelqu'un de la famille qui n'en avait pas. Et du coup c'était comme sa mère cette personne. Il n'a su que par la suite qui était sa vraie mère.

Raïzani : Nous aussi, ça se fait : ma mère, c'est pas ma grand-mère qui l'a élevée, c'est sa tante.

Orkeia : Même des fois ils allaitent. Une de mes soeurs a été allaitée par la femme de mon oncle, pour aider un peu ma mère. Alors toujours elle lui dit : « Je suis ta mère de lait ».

Nassera : J'avais 44 ans et pas d'enfant. J'ai demandé à ma grande soeur de m'en faire un, elle n'a pas voulu. Après j'ai demandé à ma petite soeur, elle m'a dit « oui », elle m'a promis, et son mari pareil. Elle est tombée enceinte. Et là, je me suis rendue compte que moi aussi j'étais enceinte, et je ne le savais pas. J'ai accouché au mois de mars et elle en février.

*

Nassera : Un jour, la femme du copain de mon frère, elle a accouché avec une césarienne. Ils l'ont gardée à l'hôpital pendant un mois, parce qu'elle avait des problèmes de santé. Comme ils n'avaient pas de famille, mon frère il a ramené le petit chez nous, à la maison. Moi je ne faisais rien à l'époque, je n'avais pas de travail fixe, je lui ai dit « je le garde en attendant qu'elle sorte ». Je l'ai gardé, mais on dirait après que c'est mon bébé. Quand ils sont venus le récupérer, je voulais plus. Je voulais le garder ce bébé. J'ai commencé à pleurer. Après je suis tombé malade.

Fathya : Moi c'était avec mon neveu. C'est à peu près la même histoire. Ma soeur elle a été obligée de me laisser son bébé pendant presque 3 ans. J'avais 16 ou 17 ans. Quand elle est revenue le chercher, je la détestais. C'était ma soeur mais je la détestais. J'ai souffert. Lui aussi il a souffert. Mais le problème c'est que comme il n'a pas grandi avec elle, elle ne l'aime pas comme elle aime ses autres enfants. Elle aime bien que ses enfants viennent chez elle, elle téléphone tout le temps, elle s'inquiète pour les autres, mais lui jamais, elle ne parle pas de lui. Il est toujours à l'écart. On peut dire qu'il a galéré. C'est comme s'il n'avait pas de parents.
Maintenant il a 32 ans. Quand je le vois, c'est comme si c'était mon fils.

Nadia : Quand j'ai quitté l'Algérie pendant la guerre civile, j'avais deux petits bichons maltais, j'ai pleuré quand il a fallu les laisser, alors imaginez-vous si j'avais adopté un enfant...


Argent

Mon frère va se marier, je suis contente pour lui, je ne sais pas si je vais y aller, à cause de l’argent, du prix du billet. Hier j’ai appelé ma sœur au Maroc pour avoir des nouvelles de la famille.
(Fatima)

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Nassera : Ma famille, ils sont loin, tout le monde est en Algérie. Je les appelle toutes les semaines, des fois deux fois par semaine. Dès fois j'appelle maman, dès fois j'appelle mes soeurs. Eux ils n'appellent pas, parce que c'est cher.

Nadjette : Même c'est pas cher, ils n'appellent pas. Ils appellent seulement si quelqu'un est malade, ou alors pour les fêtes.

Raïzani : Moi j'appelle ma famille à Mayotte, mais eux ils n'appellent jamais, sauf si il y a quelqu'un qui est malade, mais sinon ils n'appellent pas du tout. C'est une question d'argent. Ils se disent que nous ici on trouve l'argent dehors. Si tu vois quelqu'un qui est à Mayotte et qu'il appelle, c'est qu'il veut des sous. Il ne demande pas « tu vas bien ? ». C'est direct : « Envoie-moi des sous, j'ai un problème ». Dès fois même ils inventent juste pour qu'on leur envoie.

*

Les enfants, il ne faut pas leur donner beaucoup d'argent : 2euros, 3 euros, oui, beaucoup non.
(Nadjette )

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La grève des bus, c'est un problème pour les mamans qui travaillent aussi. On perd de l'argent.
(Souraya)

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Ma soeur s’est mariée en 2011 avec un marocain, il y a eu des histoires, il gardait l’argent, il ne la laissait pas libre. Ils ont divorcé.
(Nadjette)


Bonheur

Le bonheur de mettre au monde un petit être
La joie d’être papa ou maman
Le plaisir de voir la croissance et le développement de ce petit être
Avoir un jour un confident et remplaçant
Voir un jour ses enfants réussir après notre long trajet et éducation donnée
Hayat

*

Le plaisir d’être parent, c’est de voir ses enfants en bonne santé, de les voir grandir devant soi.
De pouvoir se confier à ses enfants.
Nassera

*

1 d’être responsable de mes enfants
2 de les gâter le plus possible
3 d’essayer de leur donner une bonne éducation
4 c’est la continuité de nous même
5 de les comprendre le plus possible
Orkeia

*

Passer les vacances en famille, sortir avec mon fils et mon mari, voir mes enfants mariés, voir mes
enfants bien dans la vie.
Selvina

*

Avoir des enfants çà m’a rempli un vide et surtout après avoir perdu mes parents, c’est le plus grand
cadeau de Allah que j’ai eu dans cette vie.
Fathia


Conseils

Ma mère, elle me disait toujours que je dois me lever de bonne heure pendant les vacances !!!
Elle me disait celui qui veut travailler, c’est le matin, l’après midi, il fallait tricoter, à l’époque, dès fois, je me disais qu’elle était trop sévère. Même si je lui obéissais à la lettre.
Sauf qu’à présent je fais comme ma mère, toujours matinale. Et je me dis : « elle a raison ma mère »
Elle disait aussi « Moi, je vous donne toujours de bons conseils, jamais des mauvais, après c’est à vous de voir ! » « Tout ce qu’on fait, on le retrouve devant nous. » « La roue tourne, un jour vous serez parent et là vous allez tout comprendre. »
(Hayat)

*

Mon père, quand j’étais petite, il m’a dit : « continue les études », et moi je regrette de ne pas avoir suivi ses conseils.
(Aïcha)

*

On m’a toujours dit :
Les conseils qui te font pleurer sont mieux que les conseils qui te font rire. Car celui qui te fait rire ne te veux pas du bien.
Aussi de garder espoir car l’espoir fait vivre.
De ne pas commencer par les mauvaises nouvelles toujours par les bonnes.
De ne pas regretter ce qui est fait car les remords affaiblissent et nuisent à la santé et jouent sur le plan psychique.
De mettre de l’argent de côté pour les coups durs alors que parfois ce n’est pas le cas.
De faire attention aux gens à qui tu fais beaucoup de bien.
Le monde appartient à celui qui se lève tôt.
Quand vous deviendrez parent, vous reconnaîtrez la valeur des parents.
Sans les études pas d’avenir !
(Nacera)




Curriculum

Père : un hérisson
Mère : une tulipe (douce)
Lieu de naissance : désert
Date : un jour
Écoles : un apprentissage (une chance)
Domicile : quelque part dans la nature
Métier : un rêve, irréalisable
religion : dans ton cœur
Loisirs : voyager autour du monde
(Chaïma)

*

Père : travail dur, courage
Mère : docile obéissante naïve
Lieu de naissance : guerre traumatisme
Date : vent pluie grêle
Écoles : souffre douleur
Domicile : populaire agréable
Métier : ménage puis déménage
religion : rêve de l'invisible
Loisirs : sommeil et rêves éveillés
Signe particulier : destin qui s'avance lentement
(Nadjia)


Différences ?

Les hommes sont souvent libres. Ils sont forts.
Les femmes ont beaucoup de choses à faire : la cuisine, le ménage, les enfants, le travail.
Les pères assurent le côté financier.
Les mères assurent le côté affectif et éducatif.
Les garçons sont gentils mais parfois pénibles.
Les filles sont très coquettes et sérieuses et travailleuses.
Les enfants portent la joie pour les parents.
Les enfants c'est les fleurs du jardin.
(Hayat)

*

Les hommes sans les femmes ne sont rien.
Les femmes sans les hommes ne sont rien.
Les pères, les enfants en ont besoin pour une bonne éducation.
Les mères sont souvent le pilier de la famille.
Les garçons préfèrent leur mère.
Les filles partent de la maison familiale plus vite.
Les enfants, les élever, et les éduquer est le métier le plus difficile du monde.
Orkeia

*

Les hommes : les protecteurs
Les femmes : le pilier dans la société
Les pères : responsables et courageux
Les mères : la douceur et le tendresse
Les garçons : c’est l’honneur et les descendants de la famille
Les filles : beaucoup de gentillesse, de complicité et d’amour.
Les enfants : les fruits du couple.
Hayat

*

Les hommes : forts
Les femmes : savoir cuisiner
Les pères : travaux
Les mères : ménage
Les garçons : ballon
Les filles : vestes
Les enfants : joie, bonheur
Selvina

*

Les hommes sont forts, puissants, protecteurs
Les femmes ont un peu plus peur que les hommes, plus timides
Les pères ont le dessus sur les enfants, les enfants ont souvent peur de leur père
Les mères sont là pour mettre les bases à leurs enfants (éducation)
Les garçons aiment sortir avec leurs amis, draguer des filles
Les filles aiment aller faire les boutiques entre copines.
Les enfants aiment jouer, courir partout.
Nicolas

*

Les hommes sont au travail
Les femmes s’occupent des enfants
Les pères sont responsables des enfants
Les mères donnent tout pour leurs enfants
Les garçons et les filles c’est le bonheur dans la maison.
Aïcha

Les hommes, ils sont nombreux à ne pas prendre leurs responsabilités
Les femmes, elles sont patientes.
Nassera


Dire (ou ne pas dire)

Hayat : Les enfants, il faut les protéger. Il y a des choses à leur raconter quand même. Par exemple, si je suis très malade, je vais leur dire que je suis malade mais je vais pas leur dire le fond. Il faut leur dire la vérité, mais pas une vérité complète comme avec un adulte, parce qu'il y a des choses qui sont dures à encaisser pour un enfant

Nassera : Il y a des choses qui sont pas bien dans la vie et des choses qui sont bien, il faut bien l'indiquer à l'enfant, montrer le mal et le bien, comme ça il comprend la vie.

Nassera : dans ma tête, mon père c'est un héros comme on dit, il est brave et courageux, il a toutes las qualités. Je suis fière de mon père. Il a vécu. Il était combattant, courageux. Mais moi je peux pas raconter ma vie à ma fille, parce que ma vie elle est pleine de chagrin.

Nadjette : Moi je suis diabétique, presque pendant un an je ne l'ai pas dit à mes enfants, ni à mon mari ni à mes enfants, juste à ma sœur.



Education (1)

Hayat : En général, les cas très violents, c'est un enfant sans parents, ou les parents séparés, seul avec sa mère, en foyer, en général c'est ça. Bon, il y a d'autres cas, mais en général moi j'entends comme ça, un enfant qui a eu une enfance très difficile. A un moment donné il a dérapé, on n'a pas pu le remettre sur le droit chemin.

Nadia : La dernière fois, il y a une fille qui s'est jetée du 17ème étage. 14 ans. Son grand frère il la frappait avec une ceinture, parce qu'elle avait des mauvaises notes. Elle est rentrée dans sa chambre et elle s'est jetée par la fenêtre.

Nadia : Il faut faire attention, tes enfants, qui ils fréquentent. Moi je les ai jamais laissés fréquenter n'importe qui., moi je choisissais.

Raïzani : Les jeunes de maintenant ça fonctionne par bandes, si tu fais pas comme les autres tu es exclu, tu n'as pas d'amis, donc tu es obligé. Moi je vois à l'école, si tu fais pas le bordel on t'exclut carrément, on te trouve ridicule, « tu n'es pas un 'guéri » comme on dit nous, ça veut dire que tu es un peureux. Donc il faut montrer que tu n'as pas peur. Tu es obligé de te mettre à fumer comme les autres, pour montrer que tu es fort aussi. Moi j'ai choisi une bande où c'est des personnes qui veulent travailler. Il y a des gens qui veulent travailler et il y en a qui sont là pour foutre le bordel. C'est à toi de voir si tu as envie d'aller dans le mauvais chemin ou dans le bon chemin.

Orkeia : C'est un choix, mais après il y en a qui sont faibles de caractère.

Orkeia : Nous, on était ouvrier de famille, mon père il était mineur de charbon, on manquait de rien. - Je parle pas de téléphones, de machin qui n'existaient pas à cette époque... - mais si on ne pouvait pas l'acheter on se débrouillait avec ce qu'on avait. Maintenant non, il faut qu'ils le volent quand même. Ils ont la tentation.

Hayat : J'ai vécu comme ça, on vivait avec nos moyens, et c'est ce que je dis maintenant à mes enfants : on va vivre selon ce qu'on peut. Je regarde pas tel ou tel téléphone, telle voiture, tel ordi, tout ça.

Nadia : A l'école, nous on été punis. Maintenant ils ne sont pas punis. Je me rappelle, un jour, sans faire attention j'ai craché, je devais avoir 6 ou 7 ans : il y a une enseignante, je n'étais pas dans sa classe, elle m'a donné une gifle. J'ai demandé : « Qu'est-ce que j'ai fait madame ? », elle m'a dit « Regarde, tu as craché ». Elle m'a éduquée.

Orkeia : Avant on tapait sur les doigts avec la règle. On a vécu ça, nous. C'est une autre éducation maintenant. Je crois que c'est bien d'avoir eu des interdits, quelques interdits, du coup on les a gardés. Peut-être qu'aujourd'hui c'est un manque pour les enfants qui font n'importe quoi, les parents ils disent « oh, ça fait rien, c'est mon fils, il fait ce qu'il veut ». Il y en a comme ça, j'en ai entendus.

Hayat : Nous c'était très très sévère, maintenant je trouve que c'est pas sévère du tout.

Hayat : Les petits, dès le début il faut leur mettre des limites : ce qui est bon, ce qui n'est pas bon...

Nadia : C'est sûr, il ne peut pas savoir tout seul.

Hayat : Un enfant, il ne comprend pas comme ça, on lui apprend. Toute sa vie on lui apprend. Même moi adulte, on m'apprend encore.

Selvina : Il faut être un peu sévère avec les enfants, leur mettre des limites.

Selvina : Pour tout il y a une limite. Si tu passes cette limite il y a une punition.

Fatima : Quand j'étais petite, moi j'écoutais pas mes parents, je faisais comme je voulais. Mon père était dur.

Orkeia : Ma mère elle était sévère : il fallait pas faire ci il fallait pas faire ça... Alors nous quand venaient tous nos cousins on en profitait de mettre le oaï, tout ce qu'on pouvait pas faire on le faisait, on était dehors, on courrait. Alors elle disait : « Ce soir vous allez voir... !!!». Nous on s'en foutait de morfler après, de prendre des coups de ceinture, on n'écoutait plus rien.

Hayat : Moi j'ai goûté du martinet. Et puis ma mère elle avait un bâton aussi : un jour ma soeur elle l'a cassé et elle l'a jeté. Après elle a eu la punition de sa vie. Maintenant on en rigole, quand je l'ai au téléphone le soir, elle me dit « Ah, quand même moi j'ai affronté ma mère, j'ai cassé le bâton ». Moi je n'y touchais pas à ça. Ni au martinet.

Nadia : Moi j'avais un nerf de boeuf, je l'ai utilisé une fois avec mes enfants. Après ils l'ont jeté dans la mer.

Raïzani : C'est ma mère qui utilisait le martinet, parce qu'elle nous disait d'aller à l'école coranique, et nous au lieu d'y aller on traînait à l'école buissonnière. Ohhhh, on en prenait... !!! Mais on n'écoutait pas, le lendemain on recommençait...


Education (2)

Hayat : moi j'ai peur aussi. Bon, les enfants, il faut leur apprendre, parce qu'ils vont grandir, mais je trouve qu'il ne faut pas lâcher un enfant comme ça d'un coup. Il faut le faire progressivement. Il faut d'abord bien l'éduquer, lui apprendre le mal et le bien, bien bien bien comme il faut, et une fois qu'il commence à grandir, on va le laisser faire des choses mais doucement doucement, il va pas rentrer dans un monde d'adulte d'un coup. Moi, pour moi c'est pas bien. Moi on m'a éduquée comme ça aussi. Je suis mariée, je demande toujours des permissions, je demande conseil, à ma mère, à mes frères qui sont plus âgées que moi.

Nadjette : les enfants, il faut être derrière tout le temps. Mais il ne faut pas trop serrer, sinon...

Hayat : pour moi, ils pourront se déplacer seul à partir de 18 ans, il faut qu'ils soient mûrs, et que je vois que vraiment ils sont mûrs.

Nassera : A la maison, vous savez comment votre fille elle est, mais dehors non. Il y a l'entourage. Peut-être elle est influencée. Peut-être que les copines vont lui changer les idées. Il faut choisir les amis de nos enfants.
Hayat : Mes parents, ils étaient plus sévères. Ca n'a rien à voir. C'est ce que je leur dis à mes enfants. J'ai essayé de garder ce qui est bien, tout ce qui est principe, éducation je l'ai gardé, et je vais continuer à l'appliquer jusqu'au bout, mais pas trop sévère. Par exemple, les sorties scolaires je ne dis pas non. Chaque année ils partent avec l'école. Ma fille, elle vient de partir en Pologne, elle était contente. Elle est allée en classe verte, en classe de neige... Alors que moi, quand j'étais jeune, je n'avais pas le droit de parler d'un voyage, ce n'était même pas la peine. Un voyage, pour une fille ce n'était pas possible. La mentalité n'était pas la même. Moi je trouve qu'il ne faut pas priver les enfants de ça. C'est beau, c'est des beaux souvenirs... Moi, ça me manquait, j'aurais aimé avoir ça, donc en aucun cas je vais l'infliger maintenant à mes enfants.

Hayat : Mes enfants, c'est pas que je ne leur fais pas confiance, j'ai peur. Si elle a 5 minutes de retard, elle va vite m'envoyer un SMS

Orkeia : Les enfants il faut qu'ils fassent leurs propres expériences. Même qu'on leur parle, s'ils n'ont pas essayé, même s'ils disent oui, ils ne nous croient pas.

Nassera : Si nos parents, ils n'étaient pas derrière nous, on ferait n'importe quoi.

Orkeia : C'est sûr que dans nos origines, c'était beaucoup plus serré pour les filles. Peut-être que c'est pas plus mal en fait. Il y a des choses qu'on ne faisait pas, qui étaient interdites, on ne franchissait pas la barrière. Dans le fond, peut-être que c'était pas mal.


Education (sexuelle)

Nadia : Je me rappelle, mon petit garçon un jour il a vu une fille sans culotte, il a dit « Oh... on lui a tout coupé ! ». J'ai dit « Non, on lui a pas coupé, elle c'est une fille elle deviendra une femme, et toi tu es un garçon, toi tu as un pénis ». Je lui ai expliqué.


Famille nombreuse

Hayat : C'est bien d'avoir une famille nombreuse, mais après il faut pouvoir aussi les élever les enfants, les suivre et tout ça...


Fêtes

Hayat : Dès fois je me dis heureusement qu'il y a les fêtes, sinon on se verrait jamais, on se verrait peut-être une fois tous les 4 ans, 5 ans... En Algérie, je me rappelle, on a des cousins qui sont très très loin, on reste une année on les voit pas, mais le jour de la fête on les voit. Je trouve que c'est l'occasion. Les enfants ça leur fait plaisir, ils mangent ensemble, ils s'amusent, ils ont des cadeaux, ils montrent tout ce qu'ils ont eu. C'est des bons moments. Ca reste après. Je me rappelle de quand j'étais petite, tout ce qu'on a fait c'est dans ma tête, je suis adulte mais ça reste dans ma tête. C'est pour ça que j'essaye, je me dis que ça serait bien de le transmettre aux enfants.

*

Les fêtes et les lumières de fin d’année me rappellent malheureusement des souvenirs douloureux car plus rien ne sera plus jamais pareil car le passé ne reviendra pas. Mon fils n’est plus de ce monde. Peut être est-il dans un monde meilleur ? Mais je dois aller de l’avant et profiter de mes petits enfants et de ma fille, les gâter le plus possible et être heureuse car j’ai la foi. (Orkeia)

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L’Aïd el fitre : c’est une grande fête musulmane religieuse. Après 30 Jours de carême, elle arrive cette fête dans les familles pratiquantes. Quand j’étais petite, j’ai aimé cette ambiance, ma mère s’occupait de tout ce qui est repas, et nous les filles, on faisait les gâteaux, on rigolait, on décorait la maison pour recevoir la famille : oncles, tantes, cousins même les voisins.
Tout le monde doit se respecter, manger ensemble, même ceux qui ne se parlent pas, on dit que c’est le jour de tolérance et de pardon.
Avec le recul, je n’arrive pas à m’imaginer qu’un moment, tout le rôle qu’elle faisait ma mère est devenu mon rôle. Car je suis mariée et mère donc, maintenant c’est moi qui prépare le repas, les gâteaux et j’essaie de transmettre à la génération future les coutumes, les traditions et la magie des fêtes, et surtout de les passer avec bonne humeur et en famille. (Hayat)

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C’était mon premier noël avec toute la famille, mes petits cousins. Je n’avais pas vu ma sœur depuis 5 ans, alors on n’en a bien profité, on a parlé de tout et de rien. C'est un sentiment fort que je ne peux même pas décrire. C’était beaucoup de rire, de joie. (Raïzani)

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La veille de l’Aïd, c’est beaucoup de joie, on prépare beaucoup de gâteaux, toujours les mêmes, çà ne change pas. C’est les sambousa. Les enfants sont interdits dans la cuisine c’est que les mamans qui ont le droit.
Le matin, on réveille toujours en premier les garçons parce que ce sont eux qui vont à la prière et les filles font le ménage. Après on se prépare à accueillir les hommes qui rentrent de la mosquée. C’est le moment que je préfère parce qu’ils nous souhaitent beaucoup de bonnes choses. (Raïzani)

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Pour la fête de l’Aïd, on fait le henné pour les enfants. On achète le mouton, on l’égorge. On achète des vêtements pour nous et des jouets pour les enfants.
On fait des gâteaux, on va chez la famille ou bien ils viennent chez moi, nous sommes tous ensemble, nous sommes contents. (Aïcha)

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Les fêtes de fin d’année sont propices aux retrouvailles, et au rassemblement familial. On se retrouve tous même si on s’aime beaucoup, un peu ou pas du tout. Il faut éviter les sujets qui fâchent, être poli et faire comme si tous les cadeaux nous plaisent pour que tout se passe bien ; car dans mes souvenirs il y a eu des années où les fêtes se sont mal passées par maladresse des uns et des autres. Je ne veux plus vivre cela. Donc nous nous sommes réunis dans la joie et la bonne humeur et tout s’est bien passé.
Pour Noël, nous étions tous réunis, tout le monde était réuni, tout le monde était heureux. Mes petites filles ouvraient leurs cadeaux avec une joie immense autour du sapin. Les adultes aussi ouvraient leurs cadeaux ainsi que moi-même, et là je me suis mise à penser à mon fils et d’un coup j’ai pensé : plus personne n’en parle et je me suis demandée où était sa place dans leur tête ? (Orkeïa)

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Le jour de l’an : les enfants dorment plus tard, on mange plus tard. On mange le gâteau des rois. (Selvina)



Fils

Orkéia : J'ai perdu mon fils, ça fait un an et 9 mois, il est décédé d'une crise cardiaque en dormant. Je ne m'en suis pas remise, je me dit que peut-être c'est Dieu qui a voulu, comme je suis croyante. Je me dit que peut-être il n'a pas souffert, et ça c'est énorme. Il était très jeune.

Orkeia : La dernière fois, il est venu ma soeur, elle m'a dit « tu viens avec moi, on va au cimetière ? » j'ai dit « oui, j'ai envie d'y aller » pour voir comment je réagissais, et j'ai bien réagi, je ne me reconnaissais pas. Avant quand j'y allais, j'étais toujours une semaine malade, je pleurais, et là j'ai mieux réagi, alors j'ai pensé : ça va mieux. Je me suis dit que la thérapie, elle sortira de moi, là-dedans, et de personne d'autre, j'ai été partout mais j'ai compris que si c'est pas moi qui va me sortir de là, personne va le faire.



Frères et soeurs

Nadjette : J'ai hébergé ma soeur 2 ans. Ma soeur c'est comme mes enfants, comme ma fille. Elle a 34 ans et moi 50. Jamais j'ai pensé que c'était ma soeur.

*

Keyra : Avec mes enfants j'avais pas de problème. Sauf à la maison. Les jumeaux eux ils étaient complices, le problème c'était entre un de mes jumeaux et le grand. C'était le chat et la souris. Il y avait des portes cassées, des choses comme ça. Pour un parfum, pour un pantalon... Ils disaient Eteins le lumière ! Allume ! Baisse !!! que des trucs comme ça... J'avais un T3, les 3 garçons dans une même chambre c'est difficile. C'était la guerre. Maintenant ils se souviennent, on rigole.
Il y a une copine à moi, elle m'avait dit « fais comme moi, quand ils commencent à faire la bagarre, tu tombes, comme ça ils s'arrêtent. » Mais ils ne se sont pas arrêtés mes enfants, ils sont montés sur moi, ils voyaient rouge.
Quand il y en a un qui travaillait et qui achetait du parfum ou des marques avec ses sous, l'autre il profitait. Alors chacun me demandait de cacher ses affaires. Je les cachais dans ma chambre.
Mais hors de la maison je n'avais pas de problème.
Quand ils se disputent comme ça, je les punis. Pas de regarder la télé, ils sont grands maintenant, mais je fais pas le repas qu'ils aiment. Je fais le repas normal, qu'ils aiment ou qu'ils aiment pas, par exemple des lentilles. Mon fils, il dit que les lentilles c'est pour les pauvres. Je leur dis que « Bonjour » et « Au revoir ». Je parle pas beaucoup, alors qu'ils aiment parler avec moi. Pendant une semaine, comme ça. Jusqu'à ce qu'ils m'écrivent une lettre où ils disent « s'il te plaît, pardonne-nous, on recommencera pas... ». Je les ai gardé ces lettres, parce qu'ils ont écrit des choses bien, je ne peux pas les jeter ces lettres.

Nadjette : Moi aussi, les filles elles se disputent entre elles, pour le maquillage, pour les habits, pour ça ou ça, pour la lumière. Elles dorment aussi dans la même chambre. Il y en a une qui allume pour se maquiller, l'autre elle a envie de faire la grasse matinée elle crie : « pourquoi tu te maquilles pas dans la salle de bain ?!!». La petite elle veut toujours mettre les habits de la grande. Une fois je leur ai mis un coup de louche. J'ai dit « arrêtez arrêtez arrêtez » elles ont pas arrêté, alors BANG ! Elles ont crié « Oh, maman », et moi « C'est comme ça, c'est la vie ! ».

*

Aïcha : A l'arrêt de tramway l'autre jour, j'ai vu quelqu'un comme mon frère, la même tête, tout pareil, le visage, les yeux. Même mon mari, il m'a dit « regarde ton frère, il est là ». Juste il était un peu plus petit


Gaucher ( pas ) contrarié

Orkeia : Mon fils, il était gaucher. Je l'ai jamais contrarié, parce que dans ma tête je me suis dit qu'il y avait une raison. Moi je suis contre de contrarier.

Hayat : Mon fils, il est ambidextre. En fait, pour écrire il écrit avec la droite mais pour le ciseau c'est la gauche. Au début je comprenais pas, je me disais « il coupe mal, il sait pas tenir un ciseau » et un jour à l'école, il était petit, on lui a proposé un ciseau de gaucher et depuis il coupe bien.


Gifle

Je devais avoir 4 ou 5 ans, j’ai assisté à un mariage avec les enfants du quartier, il y avait des hommes plein la salle, soudain une femme est entrée pour danser.
Elle avait le ventre nu, les cheveux sur les épaules, très belle, elle a entamé une danse du ventre, j’étais sidérée par sa beauté.
En rentrant chez moi, j’ai expliqué à ma mère ce que j’avais vu, j’étais émerveillée, ma mère me répondit devant mon père que cette femme était une catin dévergondée. J’ai dit à ma mère que moi aussi lorsque je serais grande, je serais une catin.
Une gifle sur la joue me fit réaliser mon erreur, ma mère a pris ma défense, expliquant à mon père que je ne suis pas sensée savoir ce que cela veut dire.
(Nadia)

Grands-parents

Nadia : C'est bien une mamie, elle raconte des histoires le soir aux enfants. C'est beau. C'est mieux que la télévision.

Hayat : Oh oui... c'est beaucoup mieux. C'est plus enrichissant.

Fathya : Dès fois les parents ils sont un peu durs, mais la grand-mère elle est toujours douce, gentille... C'est ce que je vois, mais enfin peut-être parce que moi j'ai pas eu l'occasion d'avoir de grands parents. Moi ça me manque.

Nassera : Moi j'avais ma grand-mère, elle était chez nous. Elle tricotait, mais jamais elle tricotait pour moi. Jamais. Elle faisait des sacs, mais que pour mes soeurs. Elle est marquée dans ma mémoire. Elle faisait des tricots, des gilets en laine, mais jamais elle ne m'en donnait, jamais, jamais. Pourtant j'étais courageuse, je faisais le ménage pour elle, je nettoyais, elle me donnait des sous pour aller acheter des choses pour elle dehors, pour manger, mais jamais elle me donnait quelque chose. C'était tout pour mes soeurs, l'aînée surtout. Le grand-père il était là aussi. Mais avec lui c'était pareil. Je n'ai pas eu de chance avec eux.


Habitudes

Nassera : Ma fille, je lui ai donné ma grippe, parce qu'on dort dans le même lit. Elle a une chambre mais elle veut dormir à côté de moi. Elle ne veut pas dormir dans sa chambre. Elle dit « ma place elle est ici ». Quand son père il était là, elle dormait dans sa chambre. Du jour où il est mort, j'étais angoissée, je n'arrivais pas à dormir seule, elle a pris l'habitude de dormir à côté de moi. J'ai essayé l'autre fois, elle s'est endormie à côté de moi, je l'ai prise et je l'ai mise dans sa chambre, à 3h du matin elle est revenue.

Nadjette : Mon fils aussi, il a dormi dans notre lit jusqu'à 8-9 ans. Après doucement doucement il faut arrêter, sans forcer.
L'autre jour, ma fille à l'âge de 17 ans,elle m'a demandé pour la première fois de dormir avec elle dans sa chambre. Moi je profite bien, pour donner des conseils. D'habitude elle n'écoute pas, mais là elle est tranquille et j'en profite.

Aïcha : Moi je conseille à Nassera d'aller dormir dans la chambre de sa petite avec elle.


Inquiétudes

Ce qui m'a marquée, il y a deux ou trois semaines, c'est l'hospitalisation de ma fille, suite à une hyperglycémie - c'est un taux de sucre très élevé dans le sang.
Ça m'a fait des soucis pour elle et pour sa santé, car cette maladie elle provoque d'autres maladies.
Voilà, à part ça c'est la routine. (Saïda)

*

Pendant les vacances, je suis sortie avec ma fille, on est parti au magasin, je lui ai acheté un vélo. Elle était contente. Je l’ai fait monter, elle roulait sur le trottoir et après d’un coup elle est partie vite sur la route. Heureusement la voiture l’a évitée. Quand je suis rentrée chez moi, j’ai pas pu dormir de la nuit.
(Nassera)

*

Mardi passé : j’ai eu rendez-vous avec la maîtresse, Mme Pion pour faire le point pour le travail d’Aryles. Enfin j’ai eu une petite nouvelle, il a fait beaucoup de progrès pour la lecture, après mon inquiétude.
Lundi passé : j’ai eu la convocation de l’établissement pour la réunion de fin du trimestre et la remise des bulletins le samedi 14 décembre. Ceci me stresse énormément.
Aujourd’hui : j’ai décidé d’appeler ma mère au téléphone car elle me manque et çà fait un petit moment que je n’ai pas eu de ses nouvelles. Au final son téléphone ne marche pas, je pense ! Cela ne m’a pas plu !
(Hayat)

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Orkeia : Je pense que le malaise qu'on a en nous, on le fait passer aux enfants. On ne le fait pas exprès, mais ils le sentent.



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