lundi 7 mars 2016

Quelques mots à l'enfant que j'ai été

Si je pouvais parler à moi-même quand j'étais petite, je dirais : « Profite au maximum, joue, fais des bêtises mais pas très graves, ta maman est la personne qui t'aime le plus, et qu'elle se sacrifie pour toi et les autres frères. Malgré que des fois, nous les enfants, on croit que la maman est très sévère et méchante, alors que c'est des bons moments et des bons souvenirs qui passent très vite et que nous n'oublierons jamais. »
(Hayat)
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Tu sais Orkeïa, tu es tellement mignonne et pétillante du haut de tes 5 ans que je te vois bien faire de la danse ou un métier artistique. Si un jour tu vas vers cette voie, surtout n’hésite pas, fais-le, vas jusqu’au bout de tes rêves, ne fais pas comme moi car tous les interdits ne m’ont pas permis de réaliser mes rêves.
(Orkeïa)

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Je suis là pour te donner un petit conseil : vis ta vie sans peur parce que sinon tu pourrais rater beaucoup de choses.
Ecoute tes parents mais pas tout le temps parce que des fois leurs conseils sont vieux.
Ne sois pas timide, parle quand tu as quelque chose à dire, ne garde pas tout dans ton cœur.
Essaye de parler avec tes parents quand tu vas bien et quand çà ne va pas.
Essaye de canaliser ta colère quand tu sais que tout va aller mal.
Enfin aime les gens qui sont autour de toi et n’aie pas peur d’aimer.
(Raïzani)

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Très chère Hayat
Ce que je peux te dire : « amuse toi bien, gambade dans les collines, profite de ton enfance, car elle ne dure pas longtemps. Essaye toujours d’avancer plus loin, mais toujours dans le droit chemin. N’aie pas peur d’affronter les obstacles, courage, tu peux ! Avec ta bonne volonté, tu y arriveras ! » Mais n’oublie jamais où tu es née et ceux qui t’on élevée et toute la moralité qu’ils t’ont donnée.
(Hayat)

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Chère Nadia
Tu avais cinq ou six ans, tu voulais dire à ta mère, lui raconter un sujet très tabou, mais tu ne savais pas comment le dire, et tu subissais des choses que tu n’aimais pas et ceci durait depuis un certain temps. Mais ta mère ignorante ne soupçonnant rien, ne t’a jamais demandé ce qui ne va pas.
Tu as vécu longtemps avec ton secret au cœur. Devenue adulte et mère, toi-même tu as fait le contraire de ta mère et puis le souvenir t’a fait rentrer dans la dépression. Alors un jour, tu as pris ton courage à deux mains et tu as dit : « je vais lui parler à cette mère ! », lui raconter le secret que tu as caché des années durant.  Et en apprenant cela ta mère ne t’a pas cru et pour toute réponse, elle a pris la défense de la personne qui t’a traumatisée, c’est la maladie d’alzheimer qui a pris le dessus, tu aurais dû le faire bien avant.
(Nadia)


Relation enfants-parents

Pour mon anniversaire, mes enfants m'ont fait un gâteau, c'est la première fois, j'étais contente je me suis dit « ça veut dire qu'ils sont grands, maintenant c'est eux qui me font à manger »
(Hayat)

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Mes enfants, depuis qu'ils sont petits, je leur montre les gens qui sont dans la rue, à cause de la bière. Il y a des hommes, avant ils étaient bien, ils avaient un travail et après ils ont tout perdu, ils sont devenus clochards. Le grand, il a presque 27 ans, il me dit « jusqu'à quand maman, tu vas être derrière nous ? Je lui dis jusqu'à 40 ans ! Peut-être 60 ans, ! Jusqu'à ma mort ! Je suis comme ça.
Mes enfants, ils m'appellent « le patron ».
(Nadjette)

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Moi je demande pardon quand je crie sans raison, que je fais des choses qu'il fallait pas, je dis « excusez-moi mes fils »
(Kheira)

Reproches

Même si les parents ils sont parfaits, tous les enfants, peut-être pas tous mais beaucoup, ils ont un truc à reprocher à leurs parents, même si les parents ils ont fait de leur mieux. Mais après, une fois qu'on est parent on comprend.
(Orkeïa)

Retrouver

Nassera : Avant de mourir, mon mari il m'a dit qu'il a eu un garçon avant, avec une vietnamienne qui s'appelle Thérèze et qui vit en Alsace. Son fils s'appelle Michel. Maintenant il est grand, je voulais le chercher pour le présenter à ma fille, sa soeur, mais je sais pas comment faire, je connais pas son nom de famille, ce n'est pas celui de mon mari, il ne l'a pas reconnu.

Nadia : Moi j'ai une nièce que j'aimerais retrouver aussi. Mon frère s'est séparé d'avec sa mère - elle était jalouse quand il parlait avec une femme, alors il en a eu marre. J'aimerais bien la retrouver ma nièce. Il faut que je la retrouve. Je lui ai dit à mon frère.



Séparation

Malika : Moi j'ai qu'une fille. Elle a un caractère. Elle est petite, elle a 4 ans, mais elle sait tout. Elle crie, elle pleure, elle ne m'écoute pas. Ca fait un an que je suis en France. Le milieu est nouveau pour moi et pour elle. Son papa est au bled. Il va venir ici. C'est pour ma fille, c'est pas pour lui, parce que j'ai vraiment des problèmes avec lui, sa mentalité est difficile, mais pour ma fille je veux qu'il revienne. Je fais tout pour ma fille. Elle a grandi chez mes parents. Mes parents aussi ont tout fait pour ma fille. D'une façon, lui, son père ne fait rien.

Orkeia : Même si tu n'es pas avec lui, il y a des structures où elle peut rencontrer son père... Pas la peine que tu te sacrifies, franchement. Parce qu'après il ne voudra peut-être plus partir. Quand tu fais rentrer un mec chez toi, après, avant qu'il parte...
Quand ça va pas, ça va pas. Tu changes pas une personne.
Quand ça va pas, il faut changer de mari. Maintenant on a le droit
Sinon ça finit mal.

Orkeia : Quelqu'un qui est pas récupérable, c'est pas la peine. Ma fille, elle est un peu plus sèche que moi, elle lui a carrément dit à son père « c'est pas la peine ! »

Hayat : Quand les parents s'entendent pas, ça dépend de la gravité, quand c'est des petites choses il faut laisser aller, ça sert à rien, c'est pas la peine de se séparer, mais quand c'est énorme, que c'est trop violent, alors là...

Fatima : Avec le premier mari, il y avait beaucoup de problème avec mon enfant. Il m'a laissé tomber en Italie, toute seule avec mon fils. Avec le deuxième, ça va. J'ai des soucis que pour le travail, il travaille pas.

Selvina : Moi je pense que c'est difficile, mais c'est une chance, c'est mieux pour l'enfant d'avoir les parents.

Nadjia : Lorsque les parents se séparent, il faudrait partager la tache, à savoir l'éducation des enfants et le respect du droit de visite. Sinon, la justice doit intervenir


Seule

Fathia : J'habitais à Marseille, et comme j'étais toute seule, je n'avais pas de famille, alors pour mon premier enfant je suis monté chez ma soeur à Grenoble, j'ai accouché là-bas et après je suis retournée à Marseille.


Souffrance

Souraya : Il vaut mieux avoir la souffrance quand on est petit que quand on est grand.


Soutien

Moi je suis une femme seule, j'élève mes deux enfants seule, un de 13 ans et l'autre de 4 ans. C'est difficile. J'ai un troisième enfant, un garçon qui a 21 ans, lui ça y est c'est bon il est parti, il est sur Paris, il travaille. Je suis contente, j'ai des enfants vraiment adorables, mais il faut être très très solide, très combattant dans cette vie, parce qu'elle est très dure. Parfois quand je déprime, moi j'appelle ma sœur à 10h du soir, on se parle au téléphone, on se soutient moralement.
J'ai ma mère aussi sur Marseille, mais ma mère elle est âgée, elle ne peut pas prendre/s'occuper de mes enfants. (Souraya)

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Pendant les vacances je suis tombée malade, je suis restée quinze jours au lit et pour ma fille c’était pareil. On est restées seules, personne ne venait chez moi. Je n’arrivais même pas à me lever pour donner à manger à ma fille. Jusqu’à ce que je sois guérie, ma copine est venue chez moi avec son fils, elle m’a fait les courses. Je la considère comme une sœur pour moi. (Nassera)


Souvenirs

Nadia : Mon père il me racontait une histoire pour m'endormir. Avant qu'il l'ait terminée je m'endormais. Le lendemain je lui demandais de la raconter encore parce que je m'étais endormie. Maintenant il y a la télévision.

Hayat : Moi des fois je demande à mes enfants de l'éteindre la télévision. Elle nous gâche tout la télévision.

Orkeia : Moi je leur ai offert beaucoup de livres. Ca apporte de lire.

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Nassera : Un jour, mes parents, j'avais 6 ans, ils m'ont dit « va à l'école, et tes soeurs restent avec nous, on va déménager». Moi je croyais qu'ils allaient me laisser. Alors à l'école j'ai pleuré, la maîtresse elle m'a demandé « Pourquoi tu pleures ? », je lui ai dit « Ma famille, ils sont partis, ils m'ont laissée seule ». Elle me croyait. Elle a dit à une voisine de me prendre avec elle. Elle m'a pris. Et mes parents étaient en train de me chercher.


Transmission

Nacera : J'ai gardé les habits de mes enfants quand ils étaient bébés, pour les transmettre à mes petits enfants. Notamment des brassières, que ma mère a tricotées. Ca se transmet d'une génération à l'autre..

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Hayat : L'année dernière, je suis allé dans le village où je suis né. J'ai amené mes enfants. Je suis retourné même à l'école primaire. Je leur ai montré le trajet que je faisais, ils ont dit : « C'est fou, tu marchais tout ça ??? » j'ai dit « Eh oui, je marchais tout ça, 45 minutes à pieds, 4 fois par jour, il n'y avait pas de cantine ». On y est allé en voiture, mais je leur ai montré. Même à moi, ça m'a fait du bien de revoir l'endroit.

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Ce que mes parents nous ont transmis : c'est les valeurs, être correct dans la vie, ne pas toucher à ce qui nous appartient pas, travailler, le respect pour les autres, s'entraider entre les frères et le sœurs, se marier, ne pas être rancunier, essayer toujours d'avancer devant, sans avoir la grosse tête.

Ce que j'aurais aimé : qu'ils m'accordent une toute petite liberté, quand j'étais très jeune, qu'ils regardent ce que je pense moi de leurs idées et non ce que pensent les autres, qu'ils soient moins sévères envers moi, qu'ils discutent avec moi plus sur des sujets qu'ils voyaient tabous comme par exemple la puberté, le sexe, etc... (Hayat)

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