Quelques
mots à l'enfant que j'ai été
Si je pouvais parler à
moi-même quand j'étais petite, je dirais : « Profite au
maximum, joue, fais des bêtises mais pas très graves, ta maman est
la personne qui t'aime le plus, et qu'elle se sacrifie pour toi et
les autres frères. Malgré que des fois, nous les enfants, on croit
que la maman est très sévère et méchante, alors que c'est des
bons moments et des bons souvenirs qui passent très vite et que nous
n'oublierons jamais. »
(Hayat)
*
Tu sais Orkeïa, tu es
tellement mignonne et pétillante du haut de tes 5 ans que je te vois
bien faire de la danse ou un métier artistique. Si un jour tu vas
vers cette voie, surtout n’hésite pas, fais-le, vas jusqu’au
bout de tes rêves, ne fais pas comme moi car tous les interdits ne
m’ont pas permis de réaliser mes rêves.
(Orkeïa)
*
Je suis là pour te
donner un petit conseil : vis ta vie sans peur parce que sinon
tu pourrais rater beaucoup de choses.
Ecoute tes parents mais
pas tout le temps parce que des fois leurs conseils sont vieux.
Ne sois pas timide, parle
quand tu as quelque chose à dire, ne garde pas tout dans ton cœur.
Essaye de parler avec tes
parents quand tu vas bien et quand çà ne va pas.
Essaye de canaliser ta
colère quand tu sais que tout va aller mal.
Enfin aime les gens qui
sont autour de toi et n’aie pas peur d’aimer.
(Raïzani)
*
Très chère Hayat
Ce que je peux te dire :
« amuse toi bien, gambade dans les collines, profite de ton
enfance, car elle ne dure pas longtemps. Essaye toujours d’avancer
plus loin, mais toujours dans le droit chemin. N’aie pas peur
d’affronter les obstacles, courage, tu peux ! Avec ta bonne
volonté, tu y arriveras ! » Mais n’oublie jamais où tu
es née et ceux qui t’on élevée et toute la moralité qu’ils
t’ont donnée.
(Hayat)
*
Chère Nadia
Tu avais cinq ou six ans,
tu voulais dire à ta mère, lui raconter un sujet très tabou, mais
tu ne savais pas comment le dire, et tu subissais des choses que tu
n’aimais pas et ceci durait depuis un certain temps. Mais ta mère
ignorante ne soupçonnant rien, ne t’a jamais demandé ce qui ne va
pas.
Tu
as vécu longtemps avec ton secret au cœur. Devenue adulte et mère,
toi-même tu as fait le contraire de ta mère et puis le souvenir
t’a fait rentrer dans la dépression. Alors un jour, tu as pris ton
courage à deux mains et tu as dit : « je vais lui
parler à cette mère ! », lui raconter le secret que tu
as caché des années durant. Et en apprenant cela ta mère ne
t’a pas cru et pour toute réponse, elle a pris la défense de la
personne qui t’a traumatisée, c’est la maladie d’alzheimer qui
a pris le dessus, tu aurais dû le faire bien avant.
(Nadia)
Relation
enfants-parents
Pour mon anniversaire, mes enfants
m'ont fait un gâteau, c'est la première fois, j'étais contente je
me suis dit « ça veut dire qu'ils sont grands, maintenant
c'est eux qui me font à manger »
(Hayat)
*
Mes
enfants, depuis qu'ils sont petits, je leur montre les gens qui sont
dans la rue, à cause de la bière. Il y a des hommes, avant ils
étaient bien, ils avaient un travail et après ils ont tout perdu,
ils sont devenus clochards. Le grand, il a presque 27 ans, il me dit
« jusqu'à quand maman, tu vas être derrière nous ? Je
lui dis jusqu'à 40 ans ! Peut-être 60 ans, ! Jusqu'à ma
mort ! Je suis comme ça.
Mes
enfants, ils m'appellent « le patron ».
(Nadjette)
*
Moi
je demande pardon quand je crie sans raison, que je fais des choses
qu'il fallait pas, je dis « excusez-moi mes fils »
(Kheira)
Reproches
Même
si les parents ils sont parfaits, tous les enfants, peut-être pas
tous mais beaucoup, ils ont un truc à reprocher à leurs parents,
même si les parents ils ont fait de leur mieux. Mais après, une
fois qu'on est parent on comprend.
(Orkeïa)
Retrouver
Nassera : Avant de mourir, mon
mari il m'a dit qu'il a eu un garçon avant, avec une vietnamienne
qui s'appelle Thérèze et qui vit en Alsace. Son fils s'appelle
Michel. Maintenant il est grand, je voulais le chercher pour le
présenter à ma fille, sa soeur, mais je sais pas comment faire, je
connais pas son nom de famille, ce n'est pas celui de mon mari, il ne
l'a pas reconnu.
Nadia :
Moi j'ai une nièce que j'aimerais retrouver aussi. Mon frère s'est
séparé d'avec sa mère - elle était jalouse quand il parlait avec
une femme, alors il en a eu marre. J'aimerais bien la retrouver ma
nièce. Il faut que je la retrouve. Je lui ai dit à mon frère.
Séparation
Malika : Moi j'ai qu'une fille.
Elle a un caractère. Elle est petite, elle a 4 ans, mais elle sait
tout. Elle crie, elle pleure, elle ne m'écoute pas. Ca fait un an
que je suis en France. Le milieu est nouveau pour moi et pour elle.
Son papa est au bled. Il va venir ici. C'est pour ma fille, c'est pas
pour lui, parce que j'ai vraiment des problèmes avec lui, sa
mentalité est difficile, mais pour ma fille je veux qu'il revienne.
Je fais tout pour ma fille. Elle a grandi chez mes parents. Mes
parents aussi ont tout fait pour ma fille. D'une façon, lui, son
père ne fait rien.
Orkeia : Même si tu n'es pas avec
lui, il y a des structures où elle peut rencontrer son père... Pas
la peine que tu te sacrifies, franchement. Parce qu'après il ne
voudra peut-être plus partir. Quand tu fais rentrer un mec chez toi,
après, avant qu'il parte...
Quand ça va pas, ça va pas. Tu
changes pas une personne.
Quand ça va pas, il faut changer de
mari. Maintenant on a le droit
Sinon ça finit mal.
Orkeia : Quelqu'un qui est pas
récupérable, c'est pas la peine. Ma fille, elle est un peu plus
sèche que moi, elle lui a carrément dit à son père « c'est
pas la peine ! »
Hayat : Quand les parents
s'entendent pas, ça dépend de la gravité, quand c'est des petites
choses il faut laisser aller, ça sert à rien, c'est pas la peine de
se séparer, mais quand c'est énorme, que c'est trop violent, alors
là...
Fatima : Avec le premier mari, il
y avait beaucoup de problème avec mon enfant. Il m'a laissé tomber
en Italie, toute seule avec mon fils. Avec le deuxième, ça va. J'ai
des soucis que pour le travail, il travaille pas.
Selvina :
Moi je pense que c'est difficile, mais c'est une chance, c'est mieux
pour l'enfant d'avoir les parents.
Nadjia : Lorsque les parents se séparent, il
faudrait partager la tache, à savoir l'éducation des enfants et le
respect du droit de visite. Sinon, la justice doit intervenir
Seule
Fathia : J'habitais à Marseille, et comme j'étais
toute seule, je n'avais pas de famille, alors pour mon premier enfant
je suis monté chez ma soeur à Grenoble, j'ai accouché là-bas et
après je suis retournée à Marseille.
Souffrance
Souraya :
Il vaut mieux avoir la souffrance quand on est petit que quand on est
grand.
Soutien
Moi je suis une femme seule, j'élève
mes deux enfants seule, un de 13 ans et l'autre de 4 ans. C'est
difficile. J'ai un troisième enfant, un garçon qui a 21 ans, lui ça
y est c'est bon il est parti, il est sur Paris, il travaille. Je suis
contente, j'ai des enfants vraiment adorables, mais il faut être
très très solide, très combattant dans cette vie, parce qu'elle
est très dure. Parfois quand je déprime, moi j'appelle ma sœur à
10h du soir, on se parle au téléphone, on se soutient moralement.
J'ai
ma mère aussi sur Marseille, mais ma mère elle est âgée, elle ne
peut pas prendre/s'occuper de mes enfants. (Souraya)
*
Pendant les vacances je suis tombée malade, je suis
restée quinze jours au lit et pour ma fille c’était pareil. On
est restées seules, personne ne venait chez moi. Je n’arrivais
même pas à me lever pour donner à manger à ma fille. Jusqu’à
ce que je sois guérie, ma copine est venue chez moi avec son fils,
elle m’a fait les courses. Je la considère comme une sœur pour
moi. (Nassera)
Souvenirs
Nadia : Mon père il me racontait
une histoire pour m'endormir. Avant qu'il l'ait terminée je
m'endormais. Le lendemain je lui demandais de la raconter encore
parce que je m'étais endormie. Maintenant il y a la télévision.
Hayat : Moi des fois je demande à
mes enfants de l'éteindre la télévision. Elle nous gâche tout la
télévision.
Orkeia : Moi je leur ai offert
beaucoup de livres. Ca apporte de lire.
*
Nassera :
Un jour, mes parents, j'avais 6 ans, ils m'ont dit « va à
l'école, et tes soeurs restent avec nous, on va déménager». Moi
je croyais qu'ils allaient me laisser. Alors à l'école j'ai pleuré,
la maîtresse elle m'a demandé « Pourquoi tu pleures ? »,
je lui ai dit « Ma famille, ils sont partis, ils m'ont laissée
seule ». Elle me croyait. Elle a dit à une voisine de me
prendre avec elle. Elle m'a pris. Et mes parents étaient en train de
me chercher.
Transmission
Nacera : J'ai gardé les habits de
mes enfants quand ils étaient bébés, pour les transmettre à mes
petits enfants. Notamment des brassières, que ma mère a tricotées.
Ca se transmet d'une génération à l'autre..
*
Hayat : L'année dernière, je
suis allé dans le village où je suis né. J'ai amené mes enfants.
Je suis retourné même à l'école primaire. Je leur ai montré le
trajet que je faisais, ils ont dit : « C'est fou, tu
marchais tout ça ??? » j'ai dit « Eh oui, je
marchais tout ça, 45 minutes à pieds, 4 fois par jour, il n'y avait
pas de cantine ». On y est allé en voiture, mais je leur ai
montré. Même à moi, ça m'a fait du bien de revoir l'endroit.
*
Ce que mes parents nous ont transmis :
c'est les valeurs, être correct dans la vie, ne pas toucher à ce
qui nous appartient pas, travailler, le respect pour les autres,
s'entraider entre les frères et le sœurs, se marier, ne pas être
rancunier, essayer toujours d'avancer devant, sans avoir la grosse
tête.
Ce que j'aurais aimé : qu'ils
m'accordent une toute petite liberté, quand j'étais très jeune,
qu'ils regardent ce que je pense moi de leurs idées et non ce que
pensent les autres, qu'ils soient moins sévères envers moi, qu'ils
discutent avec moi plus sur des sujets qu'ils voyaient tabous comme
par exemple la puberté, le sexe, etc... (Hayat)
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